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BECHET

About Marc BECHET

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L’association Un Toit sous l’Himalaya

UN TOIT SOUS L’HIMALAYA    UTSH

UTSH est une association française qui, depuis 1985, assure l’accueil, l’éducation  et le bien être d’enfants népalais orphelins, abandonnés ou dont les parents ne peuvent pas assurer l’éducation. Le financement de l’association est assuré par les dons et cotisations des adhérents.

Pour mettre en œuvre ce projet, UTSH a fait construire une maison à HEMJA près de POKHARA. La capacité d’accueil de la maison est de 20 filles et 20 garçons

By |26 juin, 2022|

La rencontre avec Aai Bahadur Rai


  

Elisabeth et Jean Claude Raimbault ont rencontré à Bodu, un des hameaux de Rapcha, un centenaire qui a connu le tremblement de 1934.

Le séisme de 2015 a détruit sa maison.

Pour lui, le séisme de 2015 a été plus fort qu’en 1934.

En 1934, il n’y avait pas de maisons comme maintenant. Il y en avait moins et elles étaient plus simples car sans étage. Leurs toits étaient en chaume et les murs étaient en bois (bambou). Elles n’ont pas été beaucoup détruites.
Par contre il y a eu des glissements de terrain, beaucoup d’arbres sont tombés. Cet homme se souvient qu’une personne a eu la jambe cassée dans un glissement de terrain car un rocher lui a frappé la jambe.

En 1934, le mouvement a été très fort, mais il a duré 40 à 45 secondes et il n’y a pas eu de répliques. En 2015, le séisme a duré plus longtemps et il y a eu plusieurs types de tremblements : cela tournait, secouait et il y a eu beaucoup de répliques.
Sa maison et celle de sont fils sont abîmées. La sienne n’est pas très abîmée, mais celle de son fils l’est beaucoup.

Interview de Aai Bahadur Rai
JC Raimbault – novembre 2015
By |10 janvier, 2016|

Le récit de Yam Bahadur Magar

Yam Bahadur Magar a 57 ans. Marié, père de trois enfants établis comme fermier à Tholodunga.

Il est reconnu par toute la communauté comme un maître charpentier et maître d’œuvre hors pair puisqu’il dirige des chantiers dans tout le Népal. Il a appris par lui-même son métier et est souvent absent du village bien que lui-même soit fermier comme tout le monde.

Sa maison a été reconnue comme inhabitable (un certain nombre de fissures), mais Tara lui a montré comment la réparer.

Mon père avait vécu le tremblement de 1934. Il m’en avait parlé ; il m’avait expliqué comment protéger les vies humaines. Mais moi j’avais également subi les tremblements de 1990 et de 2011. je savais ce que c’était.

Le 25 avril vers midi j’étais dans les champs et il faisait un peu froid. Le 12 mai j’étais dans la  » montagne « , pour récolter du miel sauvage. Je montais la pente, du coté de Koledo, avec un ami lorsque le tremblement a eu lieu. D’une main je l’ai saisi et de l’autre je me suis accroché à un arbre. J’ai eu très peur. C’était inimaginable. Les montagnes bougeaient. J’ai pensé que c’était la fin de ma vie. J’ai vu plusieurs glissements de terrains à Koledo.

Après les gens se sont rassemblés et ont cherché des endroits protégés. Ils ont cherché de la nourriture et des objets pour parer à de nouveaux tremblements. Ils sont allés dans les maisons détruites pour sauver les personnes et des affaires. Les enfants tremblaient, pleuraient, avaient peur. Tout le monde pensait qu’il allait mourir. La situation était pénible. Si le tremblement avait eu lieu la nuit il y aurait eu des morts, comme par exemple dans ma maison où des matériaux se sont effondrés sur notre lit. Pendant 2 ou 3 jours j’ai cherché à sauver les gens et les choses les plus importantes, car j’ai des responsabilités politiques dans le village.

Le problème a été rapidement de savoir comment dormir. Nous avons préparé un abri temporaire avec des palissades en bambou tressé, des tapis, des plastiques pour la nuit. Au début nous nous sommes réunis tous ensemble : Rai, Magar, BK (Dalit). Nous voulions être réunis pour mourir ensemble ou pour nous aider. Pendant 25 jours nous ont vécu à 80 dans l’abri temporaire à cause des répliques qui ne s’arrêtaient pas.

Au tremblement de terre du 25 avril les premières paroles que nous avons échangées ont été de se dire de sortir des maisons. Le 12 mai avec mon ami à Koledo, nous nous sommes tout de suite dit qu’il fallait aller aux nouvelles dans les maisons.

On ne peut pas savoir la cause de ces tremblements de terre. C’est Dieu qui décide. Car il y a des choses qui fonctionnent mal : des gens malhonnêtes, pas de discipline. C’est une punition envoyée par Dieu.

Le second tremblement avait provoqué de nombreux glissements de terrains (Koledo). Des informations venues de Namche nous ont fait croire que la rivière, la Dudhkosi était bloquée (par des glissements de terrains) et que cela allait entrainer une inondation des parties basses de Rapcha. Donc il fallait faire remonter les personnes vivant dans le bas de Rapcha, dans les hameaux de Bodu et de Lop. Un peu plus tard la police est venue pour savoir s’il y avait des victimes. Elle a visité chaque maison pour faire un état des destructions.

Lorsque je repense à ces moments, je me dis que si ces tremblements étaient arrivés la nuit avec les habitants dans les maisons, il n’y aurait pas eu de possibilités de survie. Avec les terres fragiles, les maisons fragilisées par le premier tremblement, c’en était fini de la vie à Rapcha. Et alors je demande à Dieu de protéger les Népalais, d’arrêter les tremblements de terre.
Après les tremblements, l’opinion des gens a changé. Ils savent maintenant qu’il faut construire en antisismique, avec des maisons pas trop grandes, qu’il faut protéger les enfants avec des écoles construites en antisismique.

J’ai éprouvé de la déception devant les aides de l’état. La police, les administrations ont mal travaillé. Il y a eu du favoritisme pour des proches, y compris de la part d’ONG. Il n’y a pas eu de transparence. Pendant deux mois je suis allé vivre à Namche. J’ai constaté qu’il n’y avait pas de stratégie pour aider les victimes et que les aides allaient à ceux qui n’en avaient pas le plus besoin.

Pour l’avenir, pour les aides, il faut réfléchir à une classification qui distingue les gens qui ont le plus besoin d’aide et ceux qui peuvent reconstruire par eux-mêmes.

By |10 janvier, 2016|

Le récit de Naïna Bahadur Raï

Naïna Bahadur Rai a 31 ans.

Il est fermier et instruit puisqu’il a son SLC (équivalent du bac). Il est également porteur dans des treks, ce qui rapporte un peu d’argent à la maison.

La situation de Naïna, après le tremblement de terre, est celle décrite pour Dan Kumari Rai puisqu’il est son mari.

J’avais connu des tremblements de terre autrefois, d’abord en 1990 quand j’avais 8 ou 9 ans : je soufflais sur le feu pour l’attiser, et j’ai ressenti à ce moment un mouvement autour de moi ; alors je suis sorti de la maison . Et il y a eu aussi le tremblement de 2011.

Le 25 avril j’étais sur le toit de la maison que nous construisions avec 18 personnes, lorsque le tremblement s’est produit. J’ai immédiatement sauté du toit. Je voyais les arbres bouger, tout bougeait. Les 18 compagnons sont partis en courant ; ils sont partis vers leurs maisons et leurs familles. Autour de chez moi il n’y avait pas de grosses destructions. Les gens criaient. Il y avait des glissements de terrain, en face, sur l’autre rive de Dudhkosi. A la suite de cette catastrophe, Padam, mon père, est tombé malade et il est mort deux mois plus tard. Je me souviens qu’au moment du tremblement, il faisait un peu froid.

Lors du second tremblement je plantais des maïs et retournais le sol avec les deux buffalos. Tout s’est mis en mouvement, tout bougeait, sur la rive en face aussi. Il y avait des grands bruits. Ma maison s’est cassée. C’était inimaginable, incroyable. J’avais peur. Je savais qu’il ne fallait pas rentrer dans la maison.  Après cela, il y a eu 45 personnes qui se sont rassemblées à coté de chez moi, dans la serre.

Ces personnes sont restées dans la serre pendant 15 jours. Elles voulaient  mourir ensemble s’il y avait un autre tremblement de terre. Mais il était difficile de vivre plus longtemps à 45 personnes ensemble. Alors nous avons construit des abris provisoires pour les familles. Pour survivre il fallait rentrer dans les maisons pour prendre de la nourriture et des affaires, mais nous avions peur. Puis nous partagions ce que nous avions trouvé.

Dans la journée du premier tremblement, j’ai cherché un endroit pour me protéger. J’ai aussi cherché de la nourriture. Après le second tremblement nous avons visité les maisons pour savoir s’il y avait des victimes.
Après le premier tremblement les 18 personnes ont dit que s’il y avait un autre tremblement, il ne serait plus possible de vivre ici. Après le second tremblement, avec un voisin, nous nous sommes dit : «  on va mourir ».

Les personnes âgées pensaient que les dieux étaient mécontents à cause de la malhonnêteté des népalais, à cause du trop grand nombre de personnes sur terre, à cause des agissements des politiques. Mais pour les personnes instruites, il y a l’eau et la terre. Pour elles les plaques tectoniques tibétaines vont vers le Népal et cela produit des tremblements de terre. Cela peut prendre deux ou trois ans pour que la plaque tectonique du Tibet se stabilise et que les tremblements de terre cessent.

Dans les discussions qui ont suivi, nous avons compris que le plus important était de protéger la famille, la nourriture, les animaux. Puis la radio a donné des nouvelles : tous les morts de Kathmandu, toutes les destructions de bâtiment. Cela a augmenté les peurs. Cela développait un sentiment de catastrophisme.

L’image qui me vient en tête quand je repense à ces moments est que  si la même chose se reproduit, il y aura une grande fissure dans la terre et on sera tous engloutis. Mais c’est dieu qui décide.

Oui, il a eu  des changements après ces tremblements : on sait maintenant qu’il ne faut pas construire n’importe où, n’importe comment, et pas plus de deux niveaux. La meilleure solution pour faire de l’antisismique est de construire comme à Katmandou (où il y a 5 à 10 étages) avec du ciment et de la ferraille. Mais c’est cher, il faut des moyens financiers. Peut être en empruntant aux banques.

Pour moi, le Népal est un pays à tremblement de terre qui nécessite de construire en antisismique. On peut penser aux maisons construites avec des sacs de sable ; mais peut être que c’est plus cher.

Interview de Naïna Bahadur Rai
Marc Béchet – novembre 2015
By |10 janvier, 2016|

Le récit de Dan Kumari Rai

Dan Kumari Rai a 30 ans. Elle est mère de trois enfants.

Elle est professeur de népalais, d’enseignement ménager. Elle fait également la classe aux femmes illettrées. Elle est trésorière du Comité de développement de Rapcha. Et elle est aussi fermière.

Sa maison a été totalement détruite (inhabitable) le 26 avril. Naïna, son mari, avait entrepris de construire une autre maison derrière l’ancienne maison.

Le 9 mai, lors du second tremblement, la nouvelle maison en cours de construction a également été détruite. Désormais Dan vit avec ses trois enfants de 3, 5 et 9 ans dans un abri provisoire qui doit loger 8 personnes.

Je connaissais les tremblements de terre avant le 25 avril. Mes grands parents m’en avaient parlé, mais cela ne me paraissait pas important. Pourtant j’avais bien ressenti le tremblement de 2011.

Le 25 avril j’étais devant  ma maison et deux de mes enfants à l’intérieur. Je n’ai pas imaginé que c’était un tremblement de terre. Je suis rentrée pour faire sortir mes enfants. J’ai alors  réalisé que c’était un tremblement. Naïna, mon mari, était sur le toit, en train de construire la nouvelle maison. Il a sauté du toit par terre.

Pendant trois jours j’ai eu peur. J’ai perdu conscience de ce que je faisais ; j’ai perdu la mémoire de ces moments. Je ne pouvais pas travailler. La nuit nous nous sommes retrouvés à 45 personnes dans la serre à coté de la maison. Dans la journée, dès que le sol bougeait, je sursautais. Nous n’avons pas dormi de toute la nuit, nous parlions, nous pleurions.

La première chose que j’ai faite a été de sortir mes enfants de la maison. Ils pleuraient, criaient.

Selon Dan, tout le monde (beaucoup) pensait que le tremblement avait pour cause les mauvais comportement des népalais. Les dieux étaient en colère à cause des politiques, de la guerre civile, du manque de respect des uns pour les autres.
Mais Dan (et d’autres) « savaient » que c’était la terre qui tournait autour du soleil, ce qui provoque un glissement de la terre.
D’autres enfin ne pensaient pas grand chose. Il ne fallait pas pleurer, c’était naturel, ça arrivait en montagne ; il fallait rester là où on était protégé.

Après les tremblements nous sommes restés 45 jours dehors. Avec un groupe de 5 ou 6 personnes nous avons construit ensemble des abris temporaires. La première aide de l’état est arrivée après 45 jours ; nous avons reçu 7 000 NR. (environ 70 euros)

Quand je repense à ce moment, l’idée qui me vient est de ne pas rentrer dans ma maison, car s’il y a un nouveau tremblement, je vais mourir.

Pour l’avenir, il faut construire en antisismique, mais je ne sais pas comment faire. Je n’ai pas espoir de toucher les 200 000 NR promis par le gouvernement, car Rapcha n’est pas prioritaire. Mais il faut pourtant construire une maison antisismique. Mais je n’ai plus de ressources financières après la destruction des deux maisons. Or nous sommes  huit dans la famille. Je veux bien une maison de deux pièces (les maisons en sac de sable de 20 m²) mais j’ai du mal à l’accepter. En fait j’espère quand même que le gouvernement nous aidera à construire en antisismique et nous donnera les moyens financiers pour cela.

Pour finir je voudrais savoir si la technologie permettra de prévoir les tremblements de terre et si j’obtiendrai des moyens financiers pour reconstruire ma maison.

Interview de Dan Kumari Rai

Marc Béchet – novembre 2015

By |10 janvier, 2016|

Le récit de Ganesh Bahadur Rai

Ganesh Bahadur Rai a 49 ans et est marié.

Il est professeur d’anglais au lycée de Basa Kali (à Yagachwai). Il est aussi fermier, passionné par les problèmes d’éducation et les questions de culture.

La maison de Ganesh a été complètement fortement détruite et il a vécu jusqu’à présent dans un abri provisoire. Mais maintenant les enfants sont malades à cause du froid. Alors il a décidé de rentrer vivre dans ce qui reste de sa maison.

J’avais entendu parler du grand tremblement de terre de 1934. Depuis il y a eu d’autres tremblements plus ou moins forts comme en 1990 ou en 2011 (6.6 sur l’échelle de Richter). J’avais donc une certaine expérience des tremblements de terre. Cependant lorsque j’ai construit ma maison, j’ai tout oublié et j’ai ignoré  » l’antisismique « .

Lors du premier tremblement, le 26 avril à midi moins dix, j’étais dans ma maison et regardais la télévision. Tout s’est mis à bouger. Je suis sorti. Les murs du premier étage de ma maison sont tombés. Heureusement que ceci s’est produit à midi, car le soir ou la nuit, il y aurait eu des morts.

J’ai tout de suite pensé à ma famille dans les champs. J’ai craint un glissement de terrain, des chutes de pierres. J’ai pleuré. J’ai pensé à mon père qui était à l’hôpital de Kathmandu. Sa maison était cassée. J’ai eu peur d’une fissure dans le sol, j’ai eu peur de mourir.

Durant ce tremblement qui a duré 52 secondes, j’ai ressenti trois mouvements : un vertical, un horizontal et un troisième, circulaire, comme un cyclone. Les répliques ont continué pendant deux heures.

Ensuite j’ai cherché ma famille, puis un endroit plat. Tout le monde (les voisins) s’est rassemblé à coté de chez moi. Ils se disaient que si c’était pour mourir, il valait mieux être ensemble.

A la fin de la journée je suis rentré dans ma maison (le premier niveau) pour chercher de la nourriture et de quoi dormir. Nous avons partagé tout cela avec les autres familles proches.

Les premières paroles échangées ont été pour nous demander si nous avions eu peur, puis pour trouver un endroit protégé en cas d’un plus grand tremblement.

Pour expliquer ce phénomène une partie des personnes (environ 10 %) pensait que Shiva était en colère contre les politiques qui ne faisaient pas leur travail. Mais Ganesh savait comme d’autres (15 %) qu’il y avait une explication scientifique : les plaques tectoniques qui bougeaient. Le reste de la population ne pensait rien si ce n’est à sauver leur vie.

Le soir venu, il a fallu trouver comment dormir. Nous avons trouvé deux bâches utilisées d’habitude pour les animaux, des plastiques et nous nous sommes abrités dessous. Nous avons mangé des biscuits, des nouilles et bu du thé. Vers 11 heures il y a eu une rumeur : nous allions tous mourir à minuit. Nous avons eu très peur jusqu’à minuit. Puis après il y a eu encore de petits tremblements pendant une heure et demi. Nous avons parlé toute la nuit sans dormir.

Quand je repense à ce moment, je me dis que s’il y avait eu un autre tremblement, il n’aurait pas été possible de survivre, mais que c’était Shiva qui décidait. L’image qui reste dans ma tête est ce mouvement cyclonique que j’ ai senti en même temps que le bruit des glissements de terrain sur la rive opposée de la Dudhkosi.

Depuis ces tremblements, j’ai vécu sans toit. Je dois trouver un endroit sûr contre le glissement de terrain, les pierres qui peuvent tomber : et il faut un sol solide. Ma maison devra être antisismique pour protéger mes enfants. Les nouvelles maisons doivent pouvoir résister aux tremblements. Mais je veux conserver la maison de mes grands parents, car c’est un symbole. J’attends quelque chose de scientifique et de fiable de la part du gouvernement, des ONG, pour reconstruire, car le Népal est sur une plaque tectonique qui bouge. Je n’attends pas les 200 000 NR promis par le gouvernement, car la zone de Rapcha n’est pas prioritaire.

Je pense qu’il n’y aura pas de nouveaux grands tremblements de terre avant 80 ans, car c’est la périodicité de ces phénomènes observée au Népal depuis le onzième siècle.

Interview de Ganesh Bahadur Rai

Marc Béchet – novembre 2015

By |10 janvier, 2016|

Le récit de Kabare Rai

Kabare Raï a 81 ans.

Il vieillit mais conserve toujours sa verve quand il décrit les deux tremblements.

Il est encore fermier, mais sa position essentielle est celle de grand prêtre de la religion des Khaling Rai. C’est lui qui officie aussi bien pour les fêtes de Was que pour les enterrements ou encore pour guérir.

Sa maison a été abîmée et il ne peut pas la réparer car il est trop âgé. Il compte sur Majam Lal pour reconstruire l’école. Il se souvient de Maken Ful qu’il a guérie une fois …

Mon père m’avait parlé du tremblement de terre de 1934. D’après ce qu’il m’a dit, le dernier tremblement a été plus fort que celui de 1934, plus long et il y a eu plus de destructions.

J’étais parti avec un ami et en revenant, arrivé derrière la maison d’Aananda, ça s’est mis à bouger. Je ne pouvais plus marcher. Je me suis assis par terre. Je voyais les maisons bouger. Les murs du bâtiment de l’école près de chez Aananda sont tombés. Mais heureusement c’était samedi (jour férié au Népal).

Le 12 mai, j’étais dans la maison construite près du lieu sacré des Khaling Rai. Lorsque le tremblement a commencé, je suis sorti de la maison. A ce moment une pierre de 20 cm est tombée à mes pieds. Si elle m’avait touché, je serais mort. Le second tremblement était bien plus fort que celui du 25 avril. Il y avait beaucoup de bruit, des glissements, des mouvements de terrain. Je me suis assis par terre dans le lieu sacré et j’ai tenu l’arbre sacré. J’étais couché sur le sol. Je ne pensais qu’à sauver ma vie.

Après le second tremblement je suis retourné chez moi pour avoir des nouvelles de mon fils, de ma fille, qui habitent dans le village. Au début j’ai trouvé que ma maison n’était pas abîmée, mais en regardant plus précisément j’ai vu qu’il y avait des dégâts. J’ai alors pensé à mes voisins. C’était pareil pour tout le monde. Ensuite j’ai cherché ce qu’était devenu mes animaux, comment donner à boire à ceux qui étaient en haut du village. Mais il m’était impossible d’y monter. J’ai craint qu’ils ne soient morts.
Après cela les gens se sont rassemblés, ils ont sorti les choses les plus importantes de leurs maisons. Toutes les familles ont habité ensemble dans un endroit réservé jusqu’alors aux animaux ; c’est devenu notre habitat provisoire. Nous sommes restés là pendant un mois et demi. Mon fils a beaucoup aidé pour sauver des vies.

Lors du rassemblement des villageois après le tremblement, j’ai parlé avec les gens ; je suis resté là. Mon fils a été voir les autres. Après le premier tremblement les gens parlaient. Mais je ne me souviens plus de quoi. J’étais choqué. Après le second tremblement du 12 mai j’étais également choqué, car même si j’étais sauf, après la chute de la pierre à mes pieds, je me souvenais que mes parents m’avaient dit qu’après un grand tremblement de terre il pouvait y avoir des répliques. La seconde réplique a été si forte que j’ai dit aux autres que nous allions tous mourir, que c’était la fin de la vie.

Pourquoi ces tremblements ?
Kabare a pensé que Buma (le dieu des Khaling Rai) était en colère parce que les gens avaient fait du mal, qu’ils n’avaient pas respecté Buma, qu’ils n’avaient pas fait de sacrifices d’animaux, que Buma ne voulait pas de la maison construite près du lieu sacré. On lui avait bien demandé son avis pour cette construction destinée aux touristes étrangers. Il avait donné son accord. Mais avec le tremblement de terre, il avait compris que Buma n’était pas content.
Mais lorsqu’il a appris les catastrophes de Kathmandu, de Namche et d’ailleurs, après tous les morts, il a pensé que Buma, leur dieu local, n’était pas assez puissant pour faire tous ces tremblements. Ce n’était pas Buma, mais le grand Dieu, au dessus de Buma qui avait fait cela parce qu’il était en colère. Il ne connaît pas le nom de ce grand dieu, mais en 1934 c’était déjà ce grand dieu. Tout le monde n’a pas la même opinion sur ces causes, mais c’est la sienne.

Quand je repense à ces moments, j’ai très peur. Quand je pense aux tremblements de terre je suis choqué, j’ai un hoquet. Pendant un mois quand j’étais assis je tremblais en pensant à ce jour. Pour moi, il n’y aura plus de tremblement de terre.

A mon avis, bien que la police ait classé ma maison comme inhabitable, je ne veux pas la détruire. Je n’ai pas assez de force pour la reconstruire. Ce sont les jeunes qui doivent penser le changement. Moi, je ne peux pas le penser.
Je ne crois pas que l’on puisse offrir quelque chose au grand dieu pour arrêter un tremblement de terre, ni pour qu’il n’y en ait pas d’autre. Cela ne vient pas de notre main mais de sa main.

Cependant à l’avenir il faut éviter de construire des maisons avec des pierres, car c’est dangereux. Quant à la manière de construire, je crois qu’il ne faut pas construire avec plus d’un niveau, et au dessus il faut mettre des tôles ou du bois. Mais c’est cher et impossible pour moi. Je voudrais savoir comment on peut construire en antisismique.

Mais pour finir je vous remercie pour les études que vous avez faites sur le village, pour les vêtements que vous nous avez donnés, et pour avoir permis à mes petits enfants d’aller à l’école grâce à vos actions.

Marc Béchet – novembre 2015

By |10 janvier, 2016|

Le récit d’Asser man

Asser Man Magar est un homme de 48 ans. Il a trois enfants dont deux sont adultes.

Il est un des responsables importants du village en étant le président du Comité du développement de Rapcha (MIC) après avoir été président du Comité de développement de Basa (VDC) et successeur de Jase Rai.

Il est fermier et contrôleur des projets de développement en tant qu’expert. Nous l’avions rencontré secrètement pendant la guerre civile avec Raj Kumar Shresta, le directeur du lycée et Prachna Rai.

J’étais dans ma maison avec ma femme lorsque le premier tremblement de terre est arrivé. Il était midi moins cinq, le temps était légèrement nuageux Nous avions un petit repos après notre repas. Lors du second tremblement j’étais également à la maison et je travaillais avec les charpentiers et les maçons pour ajouter un étage à notre vieille maison.

Soudain, il y a eu un grand tremblement. J’ai eu l’impression que notre maison s’effondrait. Sur le coup je ne comprenais pas ce qui arrivait. Puis dans la seconde qui a suivi, j’ai réalisé qu’il s’agissait d’un grand tremblement de terre. Et une sorte d’étrange peur s’est emparée de moi. Le tremblement ne s’arrêtait pas. Ma femme aussi était totalement terrifiée. Je l’ai tirée pour sortir de la maison. Tandis que je me précipitais hors de la maison, j’ai hurlé à mes voisins d’aller sur la place devant l’école primaire Chandrodaya.
Alors que nous sortions de notre maison, je voyais les voisins sortir précipitamment de chez eux en criant et en hurlant. C’était le chaos.

C’était samedi et l’école était fermée. Bientôt notre communauté s’est rassemblée sur la place devant l’école. Les gens de tout âge étaient terrifiés et beaucoup criaient. Après un moment il y eut un autre tremblement puissant et cette fois j’ai vu la grand colline de l’autre coté de Tholodunga, du coté de Jubing, bouger violemment. J’ai pensé que les collines des deux cotés allaient s’effondrer, que tout serait détruit et allait nous engloutir. C’était effrayant.

Pendant que cela se passait, je pensais sans cesse à mes deux enfants qui étaient à Kathmandu. Peut être le relais téléphonique était-il détruit ou peut être chacun cherchait-il à téléphoner et saturait le trafic, mais aucun téléphone mobile ne fonctionnait dans notre secteur. Je cherchais désespérément à savoir ce qui pouvait bien leur être arrivé.

Après de nombreux efforts nous avons découvert à la radio l’importance du nombre de victimes dans tout le pays. De tristes nouvelles concernant les victimes humaines et la perte de monuments historiques.

Après des essais répétés j’ai pu parler à mon fils à Kathmandu ; il était sain et sauf ainsi que son plus jeune frère. Ce fut un grand soulagement. Après une demi heure, mon fils aîné est arrivé d’Andheri où il vit avec sa famille depuis quelques années. Tous étaient saufs. Ainsi personne de notre famille n’était blessé. Et j’en étais heureux, d’autant plus qu’il en était de même dans notre village. Mais la mort de tous ces compatriotes dans notre pays était vraiment triste.
Et après la forte réplique qui a suivi le grand tremblement j’ai prié et espéré pour qu’il n’y ait pas d’autre tremblement.

Après avoir crié à mes voisins de se rassembler sur la place de l’école, j’ai rassemblé des informations auprès des villageois pour savoir s’ils étaient tous saufs et si l’un d’entre eux avait besoin d’aide.

Pendant les heures qui ont suivi, je me suis efforcé de calmer la population rassemblée sur la place de l’école ainsi que les gens de Rapcha désespérés qui allaient et venaient sur le principal chemin de Rapcha. Et plus j’essayais de les calmer, plus les anciens essayaient aussi de me calmer étant donné que j’étais dans le même état que les autres villageois.
Puis j’ai commencé à construire des abris temporaires avec les personnes de la communauté de manière à pouvoir y passer la nuit alors qu’il y avait de nombreuses répliques et que personne ne voulait dormir dans sa maison. Il y avait une grande tension mais nous essayions de nous réconforter les uns les autres pour passer ce moment difficile.

J’ai démonté mon tunnel en plastic nouvellement construit (pour faire une serre) et nous avons pu en faire un très grand toit pour nous abriter durant la nuit. Cette nuit et les suivantes pendant des semaines la plupart de mes voisins et ma familles avons dormi sous ce toit en plastic, construit près de ma maison dans un endroit sûr. Ce fut notre maison pendant un mois.

Je cherchais à joindre désespérément mes enfants à Kathmandu. J’ai pu téléphoner avec mon mobile à mon plus jeune fils Suraj après beaucoup d’essais. Quel soulagement lorsque j’ai su que lui et sa sœur, notre seule fille, âgée de 12 ans étaient en vie !Je lui ai dit que nous étions tous saufs à Rapcha et lui ai demandé d’aller voir sa sœur, notre fille qui vit dans une pension.
Je lui ai dit également de s’enquérir de nos autres parents et amis à Kathlmandu. Je lui ai conseillé de se tenir dans un endroit sûr et de voir avec l’école de sa sœur les mesures de sécurité adoptées pour protéger les enfants, dont notre fille, de tout danger.

Auparavant je ne connaissais pas les causes d’un tremblement de terre. Maintenant je le sais grâce aux radios et aux chaines de télévision qui ont donné des informations juste après les deux gros tremblements.

Ce n’était pas la première fois que je vivais un tremblement de terre. Il y en avait eu un très fort en 1988 dont je me souviens très bien. Mais il n’était pas aussi fort que les deux derniers.

Je me souviens que les anciens de mon village avait l’habitude de nous dire une histoire à propos des tremblements de terre. Ils disaient qu’il y avait un énorme poisson situé très profondément  sous terre. Et de temps en temps il secouait ses oreilles. Et ce mouvement était la cause des tremblements.

Après un temps de repos dans l’abri pour dormir, ce sont les choses immédiatement nécessaires pour les villageois après les tremblements qui sont devenues les plus importantes. Les maisons du secteur de Tholodhunga étaient relativement moins endommagées mais personne ne voulait dormir dans sa maison , craignant qu’un autre fort tremblement ou une réplique arrivent et qu’il n’ait pas le temps de s’échapper dans l’obscurité de la nuit.

Nous avions appris que la nourriture dans les villes comme Kathmandu  était rare, mais il n’en était rien dan le village. Les villageois n’ont pas des choses de grande valeur telles que de l’argent ou de riches bijoux, donc il n’y avait pas de problème à rester à l’extérieur des maisons. Nos biens les plus importants sont les grains, comme le millet, le blé, le soja etc. que nous stockons à l’intérieur des maisons. Le maïs est souvent stocké à l’extérieur en hauteur. De nombreuses maisons étaient abîmées mais personne n’a apporté les grains à l’extérieur pour les stoker ailleurs. Les gens semblaient avoir moins d’intérêt pour les choses habituelles. Tout le monde était dans la confusion.

Progressivement les tristes nouvelles des morts et des destruction des bâtiments historiques nous sont parvenues par la radio et la télévision. En entendant et en observant ce qui était arrivé dans d’autres parties du Népal, nous avons compris que nos souffrances étaient moindres. Ceci nous a encouragés petit à petit à reprendre le cours normal de notre vie.

En même temps la vision des souffrances de tant d’autres régions nous peinait et nous sympathisions de tout cœur avec elles bien que nous ne pouvions rien faire pour les aider.

Une chose véritablement commune à chacun dans le village après le tremblement, quelque soit son âge, a été qu’il se sentait perdu et était dans la confusion. Chacun portait sur son visage les signes clairs de la tristesse et de la terreur. Tous semblaient attendre quelque chose d’affreux et cette attente les imprégnait de tristesse. Les rumeurs infondées d’un plus grand tremblement rendaient la vie encore pire.
Oui, voir cette tristesse sur le visage de chacun a été en soi une expérience très douloureuse. Cela a été à coup sur un moment dur et nous criions ensemble pour nous apaiser.

Je ne sais pas ce qu’il en est pour les autres, mais ma vie a certainement beaucoup changé après ce grand tremblement de terre. Je sais maintenant que je connais la valeur de la famille, les voisins et la communauté. Avant le tremblement j’étais plus concerné par mes propres responsabilités et les activités de mes affaires, ma famille ou la communauté. Mais maintenant je sais que la famille, les voisins, la communauté sont en fait les choses les plus importantes d’une vie. On peut traverser les périodes les plus dures si on a le soutien de la famille, des voisins, de la communauté ; sans leur aide et leur soutien, la vie devient une véritable gageure même pour les choses les plus simples.

Les informations reçues par la radio  et la télévision nous ont appris que les tremblements de terre se produisaient dans cette région après quelques décades et j’ai peur qu’il y en ait d’autres. Peur plus pour ma famille, mes voisins et la communauté que pour moi, peur surtout pour mes enfants.

Avant tout j’espère beaucoup que les villageois reprennent bientôt leur vie normale, car beaucoup sont encore fortement choqués. Et j’espère aussi que le gouvernement népalais et les organismes d’aide internationale aideront la population dans la reconstruction.

Maintenant je pense que la population a reçu suffisamment d’informatios sur les causes des tremblements de terre. Parallèlement j’espère qu’elle sera aussi bien informée sur la manière de construire des maisons résistantes aux tremblements pour éviter des quantités de morts et et les destructions de biens lorsque cela se reproduira.

Pour Rapcha nous sommes tout à fait partisan de reconstruire des maisons antisismiques, et nous le demandons avec toutes les familles. Notre secteur n’a pas été le plus touché cette fois ; mais peut être la prochaine fois cela nous frappera plus durement. C’est pourquoi nous nous aimerions être prêts pour la pire des situations qui pourrait se produire à l’avenir.

Interview d’Asser Man

Marc Béchet – novembre 2015

By |10 janvier, 2016|

Le récit d’Aananda Kumar Rai

Aananda Kumar Rai a 46 ans, est marié  et a 4 enfants de 19, 17, 15 et 13 ans. Il est fermier, tient une petite échoppe près du lycée.


Il est aussi président du Comité du lycée de Basa Kali après avoir été pendant un long moment président du comité de la forêt et professeur d’anglais dans les petites classes du lycée.


La maison d’Aananda, qu’il a construite à coté du lycée Basa Kali (Yagachwai) il y a trois ans, a été un peu abîmée, et pourtant elle a été classée inhabitable. Il a vécu un mois dans un abri temporaire puis est rentré dans sa maison car la vie dans cet abri n’était pas pratique.

Je savais ce qu’était un tremblement de terre par la radio, mais aussi par quelques petits tremblements  peu importants que j’ai vécus ces dernière années. C’était de l’histoire. Je n’avais jamais pensé connaître les difficultés que j’ai vécues.

Le 25 avril j’étais avec un ami et un enfant dans la cuisine. D’autres amis faisaient des réparations sur le toit. Soudain ça a bougé, tremblé. J’ai d’abord cru que c’était les personnes qui travaillaient sur le toit. Mais après je suis tombé dans la cuisine. J’ai entendu des cris et je suis sorti avec mon ami et l’enfant. Les personnes qui étaient sur le toit ont sauté par terre. Ca bougeait verticalement horizontalement et ça tournait comme un cyclone. J’ai  entendu un grand bruit.
J’avais envoyé mes deux fils couper des arbres pour le toit. J’ai pensé qu’il y avait eu un glissement de terrain et qu’ils avaient eu un accident, qu’ils étaient morts. J’ai couru vers mes enfants sans me rendre compte que j’avais mon kukri à la main. Le mur de la maison que je longeais s’est cassé juste derrière moi. J’ai retrouvé mes deux enfants. Il y avait de la poussière qui tournoyait dans l’air. En face sur l’autre rive de la Dudhkosi, ça avait beaucoup bougé. Mais ici les maisons n’étaient pas beaucoup abîmées sauf les vieux bâtiments du lycée.

Le 12 mai il faisait beau, les enfants étaient à l’école. Quand le tremblement de terre est arrivé, ils ont crié et ceux qui étaient au premier étage ont commencé par sauter par dessus la balustrade, puis les autres sont descendus par les escaliers. Le bâtiment principal se balançait, comme une balançoire. Heureusement la forte charpente du toit a pu supporter les lauzes, ce qui les a sauvés, sinon il y aurait eu des morts.
Puis les élèves se sont réunis avec les professeurs dans la cour, ensuite les villageois sont arrivés pour avoir des nouvelles des enfants. Tous savaient quoi faire, à la suite du premier tremblement, y compris sortir des classes. Toute la journée ensuite il a eu des bruits dans la montagne, des pierres, des rochers qui tombaient.

Au soir du premier tremblement nous avons fait des équipes de 10 à 20 personnes qui se sont  réunies chez les familles les plus proches. Nous avons sorti les animaux. Avec des affaires récupérées dans les maisons, avec des bambous, nous avons construit des abris. Ici, dans la cour du lycée il y avait 15 familles. Nous avons récupéré de la nourriture dans les maisons et nous avons mangé tous ensemble. Nous avons vécu en commun. Il y a eu plusieurs répliques durant la nuit. Les gens criaient, couraient. Ils ont discuté entre eux, se rappelant l’histoire de leurs parents. Ils ont cherché comment se protéger. Mais il y avait aussi des rumeurs comme quoi il y allait avoir un tremblement de magnitude 11. Nous n’avons pas fait de feu mais nous avions de l’électricité. Nous avons allumé les radios pour avoir des nouvelles de Kathmandu et d’ailleurs.

Lors du second tremblement, nous avions pris l’habitude d’être dehors dans les abris temporaires. La secousse a été très forte. Certaines personnes étaient rentrées dans leurs maisons qui n’étaient pas abîmées après le premier tremblement. Mais cette fois il y eu beaucoup de destructions. Les gens sont sortis de leurs maisons et ont construit des abris temporaires en vue d’y rester plus longtemps. Il n’y a pas eu d’école pendant un mois.

A l’occasion des deux tremblements des policiers sont venus pour inspecter et pour enquêter.

Mes premiers réflexes ont été de chercher mes enfants, d’appeler à se rassembler dans la cour du lycée, d’écouter les nouvelles, de sortir le nécessaire, de construire de quoi se protéger pour la nuit. Je ne me souviens plus quels ont été mes premiers mots car j’étais choqué. Après coup, je pense que j’ai dit : « il faut sortir des maisons ».

Pour Aananda il y a deux types d’explications à ces phénomènes :
pour les professeurs et les parents éduqués, il y a une explication scientifique, à savoir que le Népal est sur une plaque tectonique qui bouge,
pour les personnes âgées, c’est Dieu qui est en colère à cause des malhonnêtetés, des mensonges, de la surpopulation, des politiciens qui font mal leur travail, des gens qui oublient leurs traditions.

Actuellement la vie dans les abris temporaires est difficile. Les maisons sont abîmées. Les reconstruire coûte cher. Il n’y pas d’aide du gouvernement. Les ONG n’ont pas aidé ceux qui devaient être aidés. Aujourd’hui ils est difficile de savoir comment reconstruire de manière à sauver les vies s’il y a de nouveaux tremblements. La vie est pénible.

Quand je repense à ces moments trois idées me viennent à l’esprit :

– je suis content qu’il n’y ait pas eu de morts
– je demande à Dieu qu’il n’y ait plus de tremblement de terre ni de désastre naturel
– mais j’ai peur.

Après les tremblements les gens ont réfléchi différemment :

– les gens du bas de Rapcha ont vu les fissures dans le sol ; ils ne veulent plus rester là par peur de glissements de terrain à la   mousson; ils pensent à remonter sur des terres plus haut ou à émigrer, ce qui n’est pas souhaitable
– les gens  pensent à (re)construire en plus petit, sur un seul niveau mais en antisismique
– ils veulent des formations pour savoir comment sauver leur vie s’il y a un tremblement
– pour moi, la priorité est de reconstruire l’école en antisismique, car si l’école s’écroule, sans ce type de construction, il y aura   beaucoup d’enfants tués.

Pour l’avenir et pour les constructions, je crois qu’il ne faut pas construire n’importe où, n’importe comment. Il faut suivre des règles. L’état doit décider, aider, conseiller avec des géologues (savoir où construire, où cultiver)

By |10 janvier, 2016|

Les récits d’habitants de Rapcha

Lors de notre dernier voyage en novembre 2015, six mois après cette catastrophe nous avons pu questionner sept ami(e)s de Rapcha sur leur vécu lors de ces tremblements.

Lire les récits des habitants en cliquant sur leur nom.

By |9 janvier, 2016|
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