Une centaine de familles vont passer l’hiver sous des abris précaires (bâches, bambous tressés, serres à tomates. Si la latitude du Népal correspond à celle du sud marocain, le village s’étage entre 1500 et 2500 m et les nuits sont très froides; il n’y neige pratiquement jamais. La vie a repris son cours, les récoltes ont pu se faire et la nourriture ne semble pas manquer. Par contre on note une recrudescence des pathologies infectieuses du fait des mauvaises conditions de logement et nous avions augmenté notre contribution à l’achat de médicaments.

Ils n’ont reçu que le dixième de l’aide gouvernementale promise, sans grand espoir de toucher le reste. Le clientélisme, les circuits obscurs de la distribution des fonds publics, les troubles politiques suite à la mise en place de la nouvelle constitution ne facilitent pas les choses

Grâce aux dons de l’Association, (qui eux arrivent intégralement à leurs destinataires) nous allons pouvoir commencer la reconstruction : en novembre, quatre de nos membres se sont rendus au Népal et trois d’entre eux au village pour rencontrer les habitants, leurs représentants, les représentants des autres associations pour envisager une collaboration éventuelle. Ils se sont fait accompagner par un traducteur népali-français et un architecte népalais. Par ailleurs, notre ami Yadav travaille sur place pour nous (sur la disponibilité et le prix des matériaux, les moyens de les transporter). Le questionnaire de l’association américaine  » Népal Foundation  » sur les souhaits des habitants (priorités, calendrier envisagé pour la reconstruction, points positifs et négatifs) a confirmé nos impressions premières.

Parallèlement nous continuons de travailler en France avec deux écoles d’architectures (Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon et IUT de La Rochelle) qui ont élaboré, à partir des éléments que nous leur avons fournis (géographiques, sociologiques, culturels, agricoles, etc …) un cahier de préconisations pour une construction antisismique qui tienne compte du coût, des particularités du site, des habitudes de construction.

Suite à tous ces éléments, nous avons retenu trois techniques pour les murs: pierres sèches avec chainage en bois, pierres sèches contenues dans du treillage métallique (gabions), sacs de terre. La tôle sera utilisée pour les toits.
Nous allons intégrer les cheminées d’évacuation de la fumée à l’extérieur, projet que nous avions déjà avant les tremblements de terre.
Nous allons entreprendre la construction de 3 maisons de 20 m² dans chaque technique (soit 9 maisons) qui serviront de chantier-école pour les artisans locaux et de maison témoin. Les habitants pourront choisir entre les trois types de construction, les prix étant à peu près équivalents (autour de 2000 €) ; ils vont apporter leur participation au transport des matériaux et leur temps dans une dynamique de solidarité et de réciprocité.
Nos fonds actuels nous permettront de construire encore quelques maisons pour que les 10 à 15 familles les plus nécessiteuses, choisies par le Comité du Village, aient une habitation rapidement.

Pour l’instant, nos moyens ne nous permettent pas de nous engager dans la reconstruction d’un bâtiment collectif, ce qui était notre idée première, mais leur souhait très clairement exprimé est celui de reconstruire d’abord leur habitat, ce qui peut se comprendre. D’autres associations (une australienne, une irlandaise, une italienne) vont se charger de l’école, mais cela ne sera pas suffisant pour retrouver le même nombre de classes, du fait de la reconstruction sur un seul niveau, plus sûre en cas de séisme. Une réunion en Bourgogne est prévue en février avec nos amis allemands de l’association  » Re Help  » pour discuter d’une éventuelle collaboration pour une ou deux classes manquantes.
Nous organisons parallèlement des manifestations (concerts, conférences, vente d’objets népalais) afin de récolter des fonds et sommes à chaque fois confortés dans notre action par la générosité de nos concitoyens, malgré les nombreuses autres sollicitations.

Que tous ces donateurs ou participants soient chaleureusement remerciés.

D’autres membres de l’association passeront au village en avril 2016, sur le chemin du Méra Peak, pour faire le point; il est en effet important de montrer aux habitants de Rapcha que l’on ne les oublie pas et que les treks sur ces magnifiques chemins, qui sont essentiels pour eux, continuent malgré les événement.

B Simonet 15 décembre 2015